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Arbitrage

Camila PERONI (actuellement stagiaire du programme de formation à l’arbitrage) et Alexandrine FRANCHOMME, deux joueuses d'Élite et arbitres expérimentées, licenciée au Douai HC ont été désignées pour arbitrer le match entre le Lille MHC 2 et le Carquefou HC. Une belle initiative de la Commission Régionale des Juges et Arbitres de la ligue des Hauts-de-France pour promouvoir l’arbitrage féminin dans le cadre du Printemps du Hockey Féminin. 

 

FFH : Est-ce que vous pouvez vous présenter ? 

Alexandrine Franchomme : Bien sûr, je m’appelle Alexandrine Franchomme, j’ai 25 ans et ça fait 23 ans que je suis dans le monde du hockey. J’ai commencé grâce à ma sœur, Elodie, qui a été la première à en faire, mon frère et moi avons rapidement suivi après ça. Ça fait plus de 20 ans que ma famille est dans le hockey. Dès qu’on est dans un club, on s’engage vraiment, que ce soit pour aider à l'arbitrage ou autre. De mon côté, ça a commencé il y a environ dix ans, j’ai eu une rupture des ligaments croisés et j’ai dû faire un choix, je ne voulais pas quitter le hockey mais je ne pouvais pas non plus reprendre le jeu trop vite. J’ai trouvé un équilibre avec l’arbitrage mais j’ai dû “abandonner” le côté joueur pendant un an. Au départ, un arbitre belge me suivait, Christian Schreve, il était toujours là pour répondre à mes questions et me donner certains détails qui font la différence. C’est un aspect du hockey qui m’a beaucoup plu dès le début, je me suis rapidement retrouvé sur des matchs de N1 dames. Grâce à ces expériences, la fédération française de hockey m'a contacté pour que j’aille en Inde, y’a 5 ans environ, j’ai pu suivre l’équipe de France féminine pendant leur championnat. J’ai également fait des coupes d’Europe en salle et j’ai intégré le UFE (Umpire For Europe) mais j’ai dû arrêter à cause de contraintes sociales et professionnelles. Aujourd’hui, j’essaie de continuer à arbitrer un maximum mais je suis aussi joueuse en élite avec le Douai HC, donc j’ai du mal à trouver le temps.

Camila Peroni : Je m’appelle Camila Peroni, je joue au hockey depuis 23 ans maintenant, j’ai commencé à arbitrer il y a environ 14 ans, je m’occupais des divisions inférieures, donc quand je jouais en U14, j'arbitrais les U12, puis j’ai continué en grandissant. J'ai toujours aimé arbitrer et comprendre le hockey de tous les points de vue possibles, que ce soit celui de joueurs, des coachs, des team manager, etc.

 

FFH : “ Est ce que le fait d’être joueuse à changer ton rapport et ta vision à l'arbitrage ?

A.F. : Quand j’ai commencé, je me suis rendu compte que c’était nécessaire de se dire qu’il ne faut pas que je me laisse marcher dessus. J’ai compris que si je donnais un mauvais coup de sifflet ou que ma gestuelle n'était pas bonne, les joueurs le voient directement et pensent que je n’ai pas ma place en tant qu’arbitre. On peut voir que dans des compétitions de haut niveau, certains arbitres manquent de confiance en eux, ça les pousse à faire des erreurs et je trouve ça dommage. C’est pour cela qu’il faut toujours rester neutre et autoritaire, sans l’être trop. J’ai toujours eu du respect pour les arbitres. Parfois, quand je joue, je vois que certains arbitres peuvent faire des erreurs, mais je comprends car je sais que c’est quelque chose de compliqué à faire. 

Ça m'arrive parfois d’aller voir les arbitres pour comprendre pourquoi ils ont sifflé ou pourquoi ils ne l’ont pas fait. Je pense que le fait d’être devenu arbitre à augmenter mon niveau d’exigence en tant que joueuse mais aussi mon empathie. L’arbitrage m’a aussi beaucoup aidé au niveau des placements et pour l'anticipation. J’essaie d’être plus intelligente dans mon arbitrage et dans mon jeu, l'expérience que j’ai me permet de savoir comment bien me placer par rapport à la balle ou à la ligne des 50, par exemple. 

 

FFH : Vous avez arbitré un match de N1 dames, donc un duo complètement féminin, c’est quelque chose d’assez rare dans le hockey en France ?

A.F. : Oui, de plus en plus. Je sais qu’il n’y a pas beaucoup de filles qui arbitrent, encore moins qu’avant. Quand j’ai commencé à jouer les championnats de France, presque la moitié des arbitres que nous avions étaient des filles. Je pense que c’est surtout dû au fait que quand on est joueuse, maman et arbitre, on manque vite de temps pour s’impliquer vraiment. Même au sein des clubs, c’est dur de trouver des filles et des femmes qui ont envie d’arbitrer. 

 

20230516 CP AF arbitrage feminine

 

FFH : Est-ce tu as trouvé que le match s’était bien passé ? 

A.F. : Très bien, personnellement, mon objectif est d’éviter de mettre des cartons et dans ce match je n’en ai pas eu besoin. Certaines joueuses sont parfois venues pour me demander de faire plus attention à certaines choses, dans ces cas-là, ce n’est pas un problème pour moi, je comprends, je pense juste qu’il est important de le faire dans le respect pour qu’il y ait une bonne communication. Le match s’est très bien passé, à la fin les joueuses nous ont remerciés pour la qualité de l'arbitrage, ce qui est assez valorisant et important, je trouve. 

C.P : Pour moi, c'était une opportunité et un plaisir énorme. J’apprécie vraiment d'arbitrer ce genre de match. C'était très intéressant, divertissant et les deux équipes proposaient un très bon niveau de jeu. 

 

FFH : Si je comprends bien, tu as une vision assez humaine de l’arbitrage ?

A.F. : Oui, j’essaie de dialoguer quand c’est possible, la seule condition, c’est que le respect soit mutuel. Si une joueuse à une question, je peux répondre, on peut discuter lors des quart-temps ou à la mi-temps, j'essaye vraiment d’être à l'écoute. Encore une fois, je réponds avec plaisir, mais s'il y a une agressivité ou autre, je suis beaucoup moins indulgente. 

 

FFH : Quelle est la suite de ton parcours ? Qu'envisages-tu pour la suite ? Que peut-on améliorer ?  

A.F. : À la base, mon objectif était de faire les J.O, peu importe le pays, mais après avoir eu l’occasion d’arbitrer au niveau européen, j’ai réalisé que la barrière de la langue était assez importante. Le problème n’est pas la compréhension mais plutôt le fait que j’ai moins d’autorité et que l’impact de mes mots est moins important lorsque je m’exprime en anglais.  À côté de ça, je suis toujours partante pour arbitrer des coupes d'Europe, c’est une expérience enrichissante, j’adore aller dans différents pays pour les matchs internationaux, rencontrer d’autres arbitres et joueurs. En France, je dois faire un choix entre jouer ou arbitrer le dimanche et généralement je préfère jouer. 

C.P. : Je repars à la fin du mois de mai dans mon pays natal. Pour ma part, ce serait un plaisir de revenir en France et de continuer la saison prochaine, mais je ne suis pas sûre de pouvoir. Je pense vraiment que l’arbitrage est bon mais on peut toujours l'améliorer. Pour ma part, je pense qu'il est essentiel que l'arbitre apprenne sur le terrain de jeu et non en dehors. Par-là, je veux dire qu'en étant joueur ou en ayant été, cela vous donne beaucoup de "bon sens", de perception et de cohérence en voyant une faute et son intentionnalité. Tout n'est pas que théorique, notre niveau s’améliore aussi grâce à l’expérience du terrain. 

 

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