C'est pas le plus connu des joueurs français, il n'est pas en Equipe de France, a marqué 4 buts en Elite Hommes Gazon cette année, et pourtant tout le hockey français l'envie. Thomas Pauchet est le joueur le plus titré de la saison 2017/2018 avec le titre en Salle à Amiens et plus récemmment en Gazon avec Saint-Germain. Il pensait être un chat noir avec toutes ses finales perdues, mais cette saison lui a démontré le contraire; ingénieur dans la vie tous les jours, Thomas nous narre avec passion cette saison inoubliable. Issue d'une grande famille de hockeyeur, et fier de l'être, rencontre avec un jeune homme qui n'a pas sa langue dans sa Pauche(t)...
Thomas, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Thomas Pauchet, j’ai 26 ans et j’habite à Saint-Germain-en-Laye. J’ai un diplôme d’ingénieur en mécanique de l’UTC à Compiègne. Depuis 3 ans, je travaille pour Dassault Aviation.
J’ai eu ma première licence de hockey dès l'âge de 5 ans à Amiens (parce qu’on ne pouvait pas en faire une plus jeune) mais j’ai toujours été autour des terrains, mon père et mes 2 frères pratiquant déjà le hockey.
Ça fait quoi d’être le joueur le français le plus titré en cette saison 207/2018 (Salle avec Amiens ; Gazon avec Saint-Germain) ?
Ça fait extrêmement plaisir ! Avec Jean-Baptiste (mon grand frère), il y a 2 ans, nous avions perdu les 2 finales, et j’avais aussi perdu les 3 dernières finales avec Saint-Germain, je commençais à penser que j’étais le chat noir ! Ce qui est paradoxal, c’est que, cette année, j’ai eu beaucoup de problèmes physiques qui m’ont fait rater la moitié de la saison salle et de nombreux de matchs en gazon (notamment le premier tour de l’EHL) mais, néanmoins, c’est ma saison de joueur la plus aboutie !
Y a-t-il un des deux titres que tu préfères ? Si oui pourquoi ?
Ça, c’est la question qu’on me pose le plus avec celle qui suit « Tu préfères le hockey en salle ou sur gazon ? ». Les 2 titres ont une connotation très différente.
Pour Saint-Germain, c’est une institution d’être en finale puisque c’était la 12ème finale en 13 ans, mais nous avions perdu les 3 dernières et contre notre plus grand rival, le Racing. Après ces 3 échecs, nous nous sommes remis en question, nous avons changé notre jeu, pour réaliser une saison fantastique avec un 2ème quart de finale en EHL pour le club et un titre de champion.
Pour Amiens, c’est beaucoup plus profond. Je suis parti il y a 5 ans, dans un très mauvais timing pour le club car on venait de descendre en 2ème division. Un parallèle a vite été fait entre mon départ et cette descente. Mais mon départ pour Saint-Germain a été justifié plus par une envie de voir un plus grand club (tant que je n’avais pas de contrainte professionnelle puisque j’étais dans ma dernière année d’études), plutôt que par l’envie de rester en 1ère division. Depuis, Amiens évolue en 2ème division et n’a pas été loin de remonter plusieurs fois. Cette année, ils ont passé le cut et cela me fait grandement plaisir de jouer contre Amiens en élite l’an prochain !
Ça fait 7 ans que je ne vis plus à Amiens, je continue d’y jouer en salle car nous avons un jeu unique et que j’y ai mes amis d’enfance et mes 2 frères. Cela fait aussi plusieurs années que l’on nous encenseNT pour notre style de jeu mais force est de constater que ce beau jeu ne nous permettait pas d’être champion et nous faisait même parfois descendre en 2ème division. De plus, ce titre est le premier depuis 1991, c’est énorme pour le club.
Vous l’aurez compris, j’ai une petite préférence pour le titre avec Amiens pour ce qu’il représente dans mon histoire et dans celle du club.
Thomas Pauchet (en bas à gauche) entouré de sa famille après le titre amiénois en Salle
Du coup quels sont tes objectifs pour la saison prochaine ?
Il est vrai qu’avec les 2 titres de champion et le quart de finale d’EHL, ça semble compliqué de faire mieux. Déjà, je vais essayer de participer à plus de matchs que cette année, parce que j’en ai vraiment ratés trop ! Ensuite, je pense que, en salle comme en gazon, nous pouvons viser une fois de plus le titre mais, je ne me voile pas la face, ça va être très serré dans les 2 cas. Ensuite, il y a les 2 coupes d’Europe. Pour l’EHL, nous sommes qualifiés directement pour les 8èmes de finale. Un bon parcours dépendra déjà du tirage au sort. Pour la coupe d’Europe en salle, ça va être une nouveauté pour tous les joueurs, nous allons donc essayer de maintenir la France au 2ème niveau.
Tu es issue d’une grande famille de hockeyeur. Cela ne met-il pas un peu plus de pression ?
C’est marrant que vous me posiez cette question car, après la finale gazon, j’ai pu constater que je restais un Pauchet. Une personne me cherchait sur le flyer de présentation des équipes avec la seule information que je m’appelais Thomas. Quand je lui ai dit que je m’appelais Pauchet, cette personne s’est directement exclamée « ah, tu es un Pauchet ». J’ai toujours été « le petit frère de », ce qui peut se comprendre car mes 2 frères ont fait des choses dans le hockey avant moi et Jean-Baptiste reste même le meilleur buteur français en EHL, ce qui n’est pas rien ! Mais catégoriser les gens par leur appartenance à leur famille est très réducteur. Nous avons tous les 3 les mêmes parents mais nous sommes très différents, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Maintenant, j’ai pour moi d’être double champion de France. Je pense que cela met toujours un peu de pression d’arriver en troisième position mais, pour rien au monde, je ne changerai de famille !
Quelle est la question que tu évites de te poser pour ne pas te prendre la tête ?
Il y a match entre « Que pensent les gens de moi ?» et « Est-ce que je déçois les gens ?». Avec le temps, j’ai appris que, le plus important, ce n’est pas ce que les gens pensent de nous mais ce que l’on pense de soi-même !
Qu'est-ce qu'il y a dans la tête de Thomas Pauchet ?
Jouer le titre chaque année et pendant le plus longtemps possible ! Quand je vois Pierre-Louis Verrier, ses 41 ans et son 7ème titre, ça fait rêver !
Crédit Photo: Marie Pereira et Anne-Laure Happe