Dans le cadre particulier du Printemps du Hockey féminin 2020, nous avons souhaité vous faire découvrir Cathelijne Rockall, très active sur les thématiques de hockey féminin et hockey adapté au SGHC et membre du comité directeur, au travers de cette interview. Bonne lecture !
Pour commencer Catheljine, peux-tu nous faire une petite présentation de toi ?
Je suis hollandaise, je suis arrivée en France en 2001 en accompagnant mon mari. Bien évidemment, j’avais joué au hockey quand j’étais jeune, comme toutes mes copines car le hockey est un sport très pratiqué en Hollande. Quand j’ai adhéré au Saint Germain Hockey club (SGHC) il y avait un groupe de femmes qui s’entraînaient le mardi matin et j’ai intégré ce groupe avec beaucoup de plaisir. Mes enfants ont commencé à jouer dans ce club et petit à petit je me suis impliquée dans la vie du club et plus globalement dans le hockey Français.
Ton implication fédérale commence au Saint Germain Hockey Club, quelle est ta place et ton rôle au sein de ce club ?
Je faisais partie de l’équipe dirigeante du SHGC quand Laurent Brachet était président du club et après une petite pause je me suis investie de nouveau cette année et je fais partie du comité directeur.
Mon rôle dans le club est de réunir les acteurs et leur transmettre les informations concernant les initiatives nationales et internationales liées aux activités sur la thématique du hockey féminin, du hockey adapté et des évènements qui permettent le mieux « vivre ensemble ».
Je porte la torche du hockey féminin avec beaucoup de fierté ! Nous avons de nombreux talents féminins dans nos clubs, il suffit juste de le leur donner un peu plus d’attention en termes de coaching, d’entrainements, et leur donner des exemples de modèles dans les différents rôles (joueuses, encadrantes, arbitres dirigeantes) et nous pouvons rêver d’une parité. Cela a été fait dans les pays autour de nous, pourquoi pas en France ?
Il y a plein de bonnes initiatives nationales mais aussi internationales pour favoriser la mixité. Il est important que nous partagions nos idées, nos succès mais aussi nos échecs. Je pense qu’on ne pourra avancer qu’en étant ensemble et unis autour d’un même projet. Aucun club ne doit penser qu’il peut y arriver tout seul. Je suis une grande fan de l’ambassade du Hockey Féminin comme plateforme de partage. Nous devons nous unir, pour être plus fortes.
Tu as intégré l’équipe fédérale pour organiser un Tournoi international au Touquet. Que retiens tu de cet évènement ?
C’était une expérience inoubliable et très riche. Nous avons pu montrer au monde que la France est prête à organiser et faire vivre de beaux tournois internationaux. Organiser de tels évènements est important pour notre Fédération, cela permet de montrer notre sport, notre communauté et nos valeurs à nos partenaires et au grand public. Si nous voulons développer le « grassroot hockey » (la communauté du hockey ), la mise en place de ce type d’évènement sur le territoire national avec la publicité que cela engendre, est primordiale.
Au-delà de l’aspect sportif, le fait de voir jouer l’Equipe de France combiné à l’organisation d’actions locales ou nationales autour de l’évènement renforce la visibilité sur la responsabilité sociétale que la FFH souhaite porter. Le match de hockey adapté de l’Equipe de France contre l’équipe de Belgique illustre parfaitement cette idée. C’était pour moi un des moments forts du tournoi. Il a permis de mettre en avant le hockey adapté et de souligner l’engagement bénévole de tous les acteurs impliqués autour de ce projet : arbitres internationaux, speaker, joueurs des équipes internationales venus encourager... La FIH et la EHF ont également apporté leur soutien à cette journée. Ces moments sont essentiels et illustrent un hockey catalyseur de nos valeurs !
Quelles sont tes implications au niveau national aujourd’hui ?
Je fais partie d’un groupe de travail au sein de la fédération qui s’appelle « Relations Internationales ». Avec les JO à Paris en ligne de mire et le plan Ambition 2024 de la FFH, nous savons que nous devons commencer dès maintenant à travailler davantage avec les institutions internationales. Notre groupe facilite la communication entre les institutions internationales et la Fédération. Les pistes de travail sont nombreuses, par exemple le lancement d’un projet de communication ou la recherche de partenaires, des échanges de pratiques etc. C’est très riche !
Et tu es aussi investie au niveau européen ?
J’ai participé l’année dernière au Forum du leadership féminin organisé par la European Hockey Federation (EHF). Ce forum réunissait sur 2 jours des femmes impliquées dans le hockey féminin issues de nations européennes. L’idée était de faire se rencontrer ces femmes, mais aussi de leur donner une plateforme de partage et surtout de soutien, en lien avec leurs projets sur le hockey féminin. La plupart des femmes présentes sont maintenant impliquées ou élues dans leur Fédération nationale ou au sein de la Fédération européenne. Ce forum m’a montré la force que les femmes peuvent avoir si elles se réunissent. Il est très important de se soutenir. Portée par cette réunion et avec le soutien de la FFH je me suis présentée aux élections pour la commission de marketing et communication de la EHF il y a maintenant 6 mois. Le rôle de cette commission est de livrer des plans de communication, marketing, sponsoring conformes au plan stratégique de la EHF.
Peux-tu nous parler du dispositif #EquallyAmazing de la EHF ?
Le lancement du dispositif #EquallyAmazing de la EHF est en lien avec le European Female Leadership forum et plaide pour une égalité des sexes dans notre sport dans toutes les nations européennes et dans toutes les activités comme joueur, arbitre, coach, dirigeant etc. La parité est un des piliers de l’EHF et je souhaite communiquer ce message en France et dans nos clubs.
En croisant ton expérience au niveau local, national et européen, quel regard portes-tu sur le hockey féminin ?
La mixité est TRES importante. Pour un sport qui sur le plan mondial a une parité de 50/50 sur le terrain, il est impossible qu’elle soit mal représentée dans les domaines du leadership. Nous devons favoriser l’intégration verticale des femmes dans la communauté du hockey dans tous les rôles : joueuses, coachs, arbitres, dirigeantes. Je suis convaincue que si nous mettons nos efforts, nos ressources humaines et financières dans le hockey féminin, cela portera ses fruits. Nous l’avons fait au sein du SGHC, 4 ans plus tard le club a récolté toutes les médailles d’or dans les catégories féminines en École de Hockey. Je constate un effet domino, les filles deviennent des modèles inspirant pour leurs copines, ce qui les amène à vouloir maintenant aussi jouer au hockey. Je suis convaincue qu’il faut continuer à montrer par les actions #EquallyAmazing que le hockey féminin mérite sa place à côté du hockey masculin au sein d’une grande famille du hockey.
Mais ce projet ne doit pas être porté que par des femmes, nous avons des femmes et des hommes incroyables dans le monde du hockey et c’est en travaillant ensemble, dans la mixité et le respect des différences que nous pourrons prendre les meilleures décisions dans le futur.
Je sais qu’il y a beaucoup d’opportunités et aussi des grandes lacunes, c’est pour cela que nous devons envisager une approche par étapes. La première et la plus importante des étapes est : une représentation féminine adéquate aux niveaux local, départemental, régional et national sur les postes à responsabilité. Les élections au sein des comités départementaux, des ligues et au niveau national sont reportées au regard du contexte sanitaire, il faut profiter de ce temps pour monter des équipes avec davantage de mixité.
Dans cette période un peu particulière de crise sanitaire liée au coronavirus, on parle beaucoup de changements sociétaux pour l’après... Quel message as-tu envie de faire passer ?
Pendant cette période particulière propice à la réflexion il est important que nous réfléchissions ensemble à quelle forme de hockey nous voulons dans le futur. Maintenant nous pouvons rompre avec des méthodes de travail qui sont installées depuis un moment. Maintenant nous pouvons réfléchir sur la place du hockey féminin, quel type d’actions, comment établir les championnats (les U14 filles en Ile de France n’ont pas de championnat par exemple), sous quelle forme se joue le hockey féminin, comment intégrer plus facilement des nouvelles joueuses, de nouveaux joueurs...
Le hockey pour tous, le vivre ensemble ont pendant ce temps de distanciation sociale, plus de poids qu’avant la crise sanitaire. On se rend compte à quel point l’activité sportive, le partage des émotions, est important. Le sport est l'un des meilleurs vecteurs d’intéractions sociales, le hockey unit nos valeurs !
En septembre, j’espère retrouver plein de jeunes et moins jeunes prêts à porter le projet de notre sport, de notre rêve partout en France, dans nos clubs, structures, ligues, etc. Parce que je garde confiance dans notre capacité à être résilient.