Après avoir mené au score, les Bleus ont cédé face à la pression britannique. Battus 2-1, jeudi, ils ne participeront pas aux quarts de finale des Jeux Olympiques, objectif qu'ils s'étaient fixé. La déception est à la hauteur de leurs espoirs...
(c) FIH
Il fallait à tout prix une victoire à l'équipe de France masculine de hockey sur gazon contre la Grande Bretagne, jeudi, pour rester en vie dans ce tournoi. Mais après avoir mené 1-0, elle s'est inclinée 2-1 et ne disputera pas le quart de finale qu'elle espérait tant. Après ses défaites face à l'Allemagne (8-2) et aux Pays-Bas (4-0), son match nul contre l'Espagne (3-3) avait maintenu ses chances de sortir de la poule à condition de remporter ses deux derniers matches contre la deuxième nation mondiale, puis contre l'Afrique du Sud. Ce dernier match ne comptera que pour un classement en dehors du top 8. La neuvième nation mondiale est donc à sa place.
Les Anglais restaient eux sur deux nuls face aux Pays-Bas et à l'Afrique du Sud après une entame réussie contre l'Espagne (4-0). Avec 5 points, une victoire leur assurait de sortir de la poule. Autant dire que la tension était maximale à l'entrée des deux équipes sur le terrain par une chaleur écrasante.
Les sauvetages d'Arthur Thieffry n'ont pas suffi
Après trois minutes de jeu, la Grande Bretagne se procurait le premier de leurs 9 petits corners durant la seule première mi-temps. Ils n'en convertirent aucun, une rareté, grâce à l'énergie défensive déployée par les sorteurs et à un gardien, Arthur Thieffry, en état de grâce. Les premiers donnaient de leur corps (Charlet à la 23e, Tynevez à la 27e), tandis que le Nordiste, héroïque, multipliait les parades réflexes, du gant, de la guêtre et même de la crosse.
Mais les Bleus souffraient devant leur but sous la pression britannique. D'autant que leurs rares incursions dans le camp adverse ne trouvaient pas les filets, à l'image de ce premier PC manqué par Lockwood (9e), Victor Charlet n'étant pas sur la pelouse, ou de la double tentative ratée du canonnier de service (17e).
Classement et résultats de la poule des Bleus
Après une nouvelle combinaison ratée sur le 9e PC britannique, Clément, auteur d'un doublé contre l'Espagne, s'échappait sur l'aigle gauche, se retournait et délivrait un caviar à Baumgarten qui déviait dans le but vide (29e). Scénario idéal avant la pause qui justifiait un tonitruant « qui ne saute pas n'est pas français ! Ouais ! » du public en ébullition.
0 victoire aux JO pour l'instant
À la reprise, Lockwood trouvait un PC dès la 32e minute, hélas annulé par la vidéo. Dans la foulée, Rogeau ratait le cadre de peu. Une « Marseillaise » essoufflée par la fournaise mais courageuse malgré tout poussait les Français à redoubler d'efforts et c'est encore le portier du Lille Métropole Hockey Club qui s'imposait sur un nouveau PC délivré après une longue analyse vidéo. Irrespirable.
Mais alors que les Anglais étaient en infériorité numérique, les hommes de Frédéric Soyez n'en profitaient pas et ce sont eux au contraire qui cédaient sur un penalty stroke accordé logiquement après qu'un sorteur bleu a fait rempart de son corps sur PC (41e), seul sur sa ligne.
Tout était à refaire, car un nul ne suffisait pas à maintenir la France hors de l'eau. Mais le break semblait loin tant la domination était britannique. À la 51e minute, une défense en deux temps sur le 12e PC toujours pas transformé des Anglais tenait du miracle. Il fut de courte durée, Lee Morton inscrivant le but de la victoire trois minutes plus tard. En quatre matches olympiques, les premiers depuis 1972, la France n'aura pas remporté une seule victoire au Stade Yves-du-Manoir.
Les réactions
Arthur Thieffry (gardien) :
« J'ai un sentiment un peu mitigé. C'est vrai que j'ai pris beaucoup de plaisir parce que ça passe forcément par une performance, néanmoins il y a de la déception quand je vois mes coéquipiers qui se sont battus jusqu'au bout. Sur quelques erreurs, des détails, on perd alors qu'on mène à la mi-temps. On a cependant vu une belle progression tout au long de la compétition donc c'est de bon augure pour demain (vendredi). On aurait préféré gagner. Mais comme l'a dit notre capitaine on est rentrés deux matches trop tard dans la compétition. Ça explique cette progression un peu tardive. Je suis toutefois fier des gars qui se sont mis comme on dit la gueule au sol, les dents par terre, il y a rien qui passait. Franchement, je ne peux qu'être fier de cette équipe. »
Blaise Rogeau (attaquant) :
« Cela se joue à l'expérience tout simplement, ce sont nos premiers Jeux. Certes on monte en puissance mais on a mis deux matches pour se mettre dedans. Le troisième était bon, le quatrième très bon. Mais l'efficacité et l'expérience, la gestion, on prend un carton à la fin sur une faute un peu bête, on n'arrive pas à mettre nos pc, on défend pourtant très bien mais malheureusement il nous manque ce petit truc... Je pense que c'est avec des caps comme ces JO qu'on va pouvoir franchir l'étape suivante. Pour le moment, il nous manque un petit quelque chose pour accrocher les tout meilleurs. »
Frédéric Soyez (entraîneur) :
« C'est frustrant. Ce que j'ai dit aux gars à la fin, c'est qu'on n'a pas à avoir de regrets, on a tout donné, on a fait le match qu'il fallait, on a des occasions, des pc, ça se joue encore une fois à des détails. Il nous manque encore ce petit soupçon de chance à certains moments, un arbitrage un peu plus favorable. À côté de ça, on commet encore des petites erreurs qui nous coûtent cher. On n'est pas passé loin, c'est l'apprentissage aussi des Jeux. Défensivement, on a élevé notre niveau de jeu par rapport au premier match. Il nous manque un peu de maturité et d'expérience sur des matches de ce niveau-là. Mais il faut continuer à travailler, ce n'est pas la fin, on a un groupe jeune qui a pris une expérience incroyable et il faudra s'en servir pour continuer à travailler et à progresser. On a réussi à réduire l'écart avec les plus grands avec le travail mais on se rend compte qu'en un an et demi, ce n'est pas suffisant. On va faire un bilan après ces Jeux et on essayera de bien réfléchir aux stratégies pour faire accéder nos plus jeunes joueurs au plus haut niveau parce que c'est là où on doit vraiment travailler. On ne peut pas arriver la première fois aux Jeux et prétendre à une médaille, c'est compliqué. On vient de loin mais on se rapproche des meilleurs. »