En ce mois de décembre, nous nous sommes rapprochés du Hockey Club Pordic 22 et de sa présidente : Clémentine DUFAY. Cette cardiologue de formation et ancienne joueuse de haut niveau, nous présente son club et le développement de celui-ci. De la Picardie à la Bretagne, en passant par la Réunion, Clémentine nous partage son quotidien et sa recette de dirigeante d'un "petit" club en plein développement. Si elle n'a pas trouvé la solution miracle, le HC Pordic est pourtant en pleine progression grâce à des valeurs de partage, d'implication et de motivation. Déjà à la pointe en terme de féminisation, le HC Pordic continue d'écrire son histoire...
Clémentine Dufay, accompagnée de jeunes hockeyeuses lors de la Semaine Nationale du Hockey Féminin 2018
Bonjour Clémentine, dans un premier temps, pourrais-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs (identité, parcours) ?
Clémentine Dufay : J’ai commencé le Hockey à 7 ans a l’Amiens SC. J’ai joué en Elite et fait partie de l’équipe de France jeune. J’ai continué le Hockey pendant mes études de médecine, et une fois partie à Caen pour l’internat, j’ai intégré le club de Caen où j’ai monté une equipe féminine avec d’anciennes joueuses et des nouvelles joueuses. Nous avons notamment recruté certaines d'entre elles à l'Hôpital !
Puis je suis partie à la Réunion, me suis inscrite au Hockey Club de Bourbon, j’ai rencontré Fabrice Salai et petit à petit je me suis investie dans le côté non joueur, une première pour moi. J’ai été élue présidente de la ligue de la Réunion, une ligue qui était alors en sommeil. C’était une belle expérience.
Enfin, je suis rentrée en métropole et me suis installée en Bretagne dans les Côtes d’Armor. Il n’y avait pas de club, dans un premier temps je me suis donc licenciée à Saint Gilles, accueillie par Bernard Binet. Puis j’ai monté un club là où j’habite : le Hockey Club Pordic 22.
Tu es présidente du HC Pordic 22, club né en août 2017. Quel bilan tires-tu de cette première saison ?
CD : Un bilan très positif. On a fini la saison à 28 licenciés ! C’est très encourageant pour l'avenir.
Nous connaissons toute la difficulté de créer un club et mettre en place des actions pour le faire vivre. Quelle est, pour toi, la recette pour dynamiser un nouveau club ?
CD : Oui, en effet c’est très difficile dans le quotidien puisque ça s’ajoute au travail, à la vie familiale et d’autres engagements. En pratique je n’ai pas vraiment de recette. Je suis entourée de joueurs que j’ai rencontrés par le biais du forum des associations, d’amis et de l’école de mes enfants. Pour la plupart, on est devenu amis. C'est un plaisir de venir aux entraînements. La partie administrative, organisationnelle est beaucoup plus difficile à gérer.
Logo du HC Pordic 22
28 : c’est le nombre de licenciés qu’enregistre le HC Pordic 22 lors de la saison 2017/2018. Un score encourageant pour une première saison. Un objectif pour cette saison ?
CD : L’objectif est de stabiliser. On a perdu pas mal de jeunes après la coupe du monde de Football. Certains adultes ne se sont pas réinscrits par manque de temps, selon eux. Ce n’est pas toujours évident à comprendre mais il faut l'accepter. On a de nouveaux licenciés et on a même d’anciens joueurs contents de trouver un club dans leur coin.
Quel est l’objectif de développement du HC Pordic 22 (vision à court terme puis à long terme) ?
CD : On souhaite développer les équipes jeunes, notre groupe est un peu trop hétérogène, nous obligeant à mélanger plusieurs niveaux pour les entraînements et surtout pour les matchs. Cette année, nos jeunes participent au championnat régional.
Pour les adultes, on participe au premier championnat régional senior (donc une première pour le HCP 22 mais aussi pour la ligue). Le hockey breton est très dynamique et en pleine expansion. C’est une vraie chance pour notre club.
Nous faisons essentiellement du hockey en salle et notre objectif est donc d’investir dans un terrain de hockey sur gazon. Malheureusement, les terrains synthétiques sont rares et prisés par le football. La Fédération Internationale de Hockey évoque la possibilité de jouer sur d’autres revêtements dans les années à venir. C‘est peut être notre chance...
Nous avons encore d’autres objectifs mais on essaie de prioriser car l’équipe de bénévoles est très restreinte.
Le HC Pordic 22 est le seul club de Hockey des Cotes d’Armor. Cela pourrait provoquer un effet « boule de neige ». Que manque-t-il pour concrétiser cette avalanche de clubs ?
CD : Avant tout, il manque des personnes motivées. En effet, la création du club n’a pas été très compliqué. J’ai trouvé une secrétaire, un trésorier et mon mari et nous avons constitué le bureau puis fait les démarches administratives. Ensuite, le plus dur est de faire vivre le club au quotidien. Et là, il faut du monde MOTIVE !
Comme tu le sais, la Féminisation est une thématique prioritaire de la FFH. Peux-tu nous dire un mot sur le Hockey Féminin, sous toutes ses formes ?
CD : Pour moi aussi, c’est une thématique prioritaire. Ma mère investie en son temps à la FFH et la FIH me parlait toujours du hockey féminin qui n’était pas assez valorisé, selon elle. Et c’est le cas dans presque tous les sports quand on voit que le premier ballon d’or féminin de football a été décerné à une femme qu’en 2018 !
Dans notre club, nous avons même plus de joueuses que de joueurs et nous en sommes fières. Malheureusement, les filles arrêtent souvent précocement. Les actions mises en places ces derniers temps sont très intéressantes et contribuent au renouveau du hockey féminin mais la route est encore longue.
Le HC Pordic 22 a participé à la Semaine Nationale du Hockey Féminin 2018 (devenue Printemps du Hockey Féminin). Au quotidien, comment ton club promeut le Hockey Féminin ?
CD : Au quotidien, ce sont plus nos joueuses qui font le job en parlant à leurs copines. Nous soutenons cette communicaton bouche à oreille réalisée par nos adhérents en participant aux événements fédéraux tels que le Printemps du Hockey Féminin.
Tu es une femme dirigeante de club et membre du Comité Directeur de la FFH. As-tu un message à faire passer aux femmes qui hésiteraient à occuper un poste de dirigeante au sein d’une structure fédérale ?
CD : Je n’ai pas spécialement de message à faire passer car pour ma part, les événements se sont enchaînés naturellement. Je suis passionnée par le hockey et j‘ai très envie que mes enfants, que les jeunes puissent vivre la passion du hockey donc je m’investis.
Cependant, pour être honnête, ce n’est vraiment pas toujours simple et il faut parfois prendre un peu de recul pour revenir encore plus motivée. Evidemment, j'espère que l'implication des femmes augmentera et que leur positionnement à des postes à responsabilités au sein d'équipes dirigeantes sera favorisé pour promouvoir l'une des valeurs fortes du Hockey : la mixité, sur et en dehors du terrain ! Vive le Hockey Féminin.