La Fédération Française de Hockey, dans le cadre de la mise en lumière des structures du hockey français, relance les rubriques ! Plus qu'un Club...une Histoire ! acte 1. Le CLTO a attiré notre attention par la personnalité de son emblématique président, par l’imminence de son 50ème anniversaire et par ses remarquables progressions d’effectifs ces quatre dernières années. Il n’en fallait pas plus pour aller à la rencontre d’un club aux ambitions sportives intactes et à la volonté sociale affirmée. Rencontre.
Bonjour, Jean-Robert Liot, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Jean-Robert Liot : "J’ai 64 ans et cela fait un an que je suis à la retraite. J’ai découvert le hockey au collège, il y a bien longtemps en bénéficiant d’initiations à ce sport proposées à l’époque par Michel Brender, un conseiller technique régional de cette époque. Ce sport m’a tout de suite plu et je ne l’ai plus quitté, en tant que joueur d’abord, puis de dirigeant."
Connais-tu l’histoire du CLT Orléans ?
J.R. : "Oui, bien sûr, car j’ai connu la création du club en 1973 avec Raymond Adamzyck, alors conseiller technique régional. Nous avons commencé à jouer au sud d’Orléans, d’abord sur un parking, puis sur une terrain gazon mis à disposition par la municipalité. En 1990, nous avons été transférés dans la plaine de jeu du Belneuf, qui regroupe de nombreuses installations sportives, dont notre terrain de hockey/foot synthétique mixte arrosé et sablé. En effet, la Mairie souhaitait diversifier les activités pour la jeunesse et apporter une réponse sportive à ce quartier défavorisé de la ville. "
Les équipes séniors masculines et féminines en salle du CLTO
Donc, bientôt 50 ans d’histoire ?
J.R : "Oui, et 43 années de présidence que j’ai prise en 1980. Nous nous sommes développés au fil des années en mixant notre passion du sport et notre mission d’intégration sociale dans le quartier."
Parle-nous de cette passion du hockey ?
J.R. : "Le sport est affaire de passion, et le hockey en particulier... Nous partageons les valeurs propres à ce sport : respect, authenticité, convivialité que nous essayons de faire rimer avec le fair play qui fait que le hockey n’est pas un sport tout-à-fait comme les autres. Une démarche plutôt simple et évidente avec des très jeunes qui peut devenir extrêmement complexe avec leurs parents ou des adolescents difficiles."
Les équipes Elite du CLTO lors de la saison salle - Crédits photos : Philippe Denis & Isabelle Esteve
Justement, qu’en est-il de la dimension sociale du hockey à Orléans ?
J.R. : "C’est avant tout une mission. Celle qui nous a été confiée par la Mairie lorsque nous avons accepté cette implantation au quartier de Belneuf. Elle s’exprime par notre volonté permanente d’intégrer des jeunes de toutes conditions et de tous horizons au sein de notre club. La Mairie joue le jeu et nous octroie des subventions qui nous permettent de minimiser les tarifs des cotisations qui équivalent aux prix des licences fédérales majorées de quelques euros. Pratiquer le hockey à Orléans est à la portée de toutes les bourses... alors, quand nous voyons des jeunes ados en déshérence squatter notre terrain de hockey, plutôt que de les engueuler, nous leur mettons une crosse entre les mains et nous essayons de les convertir !"
Les effectifs se sont développés depuis 2018, y compris après le confinement, comment avez-vous réussi ce challenge ?
J.R. : "C’est un travail de longue haleine. Nos 2 éducateurs (un temps complet et un mi-temps) font énormément d’initiation au hockey dans les écoles et les collèges alentours, ils sont très présents avec les parents et organisent de nombreux stages en été et lors des vacances scolaires. Nous avons, ces derniers temps, mis en place du baby hockey les mercredis matin, pour accueillir chez nous de très jeunes enfants plutôt que de les voir partir en centres de loisirs municipaux. Effectivement, nos effectifs progressent, de 73 en 2018 à 116 en 2021, c’est une belle satisfaction et une vraie récompense pour nous, même si nous devons rester vigilants, en particulier pour les jeunes entre 13 et 17 ans qui sont très zappeurs et très sollicités à cette période de leur vie."
Le club du CLTO compte cette saison près de 120 licenciés
Quelles sont les ambitions au niveau sportif ?
J.R. : "C’est avant tout de jouer et de faire jouer des matchs officiels pour nos jeunes et nos moins jeunes ! Si ce n’est pas compliqué au niveau des U10 qui adorent jouer régulièrement des plateaux régionaux, cela devient plus complexe en catégories supérieures avec nos effectifs un peu maigres... Une des raisons pour lesquelles nous perdons des talents ! Et pour lesquelles nous voudrions être accompagnés par la Ligue ou la Fédération pour multiplier nos efforts de recrutement et présenter au minimum une équipe U12 et une équipe U16. Pour le moment, nous « sauvons » les meubles avec une équipe U12 mixte."
Et pour les plus grands ?
J.R. : "En salle, tout d’abord, nous sommes fiers d’avoir pu atteindre le carré final de Nationale 1 Dames et Hommes cette saison. Même si les cartes des effectifs sont redistribuées en salle, nous avions quand même 85% d’Orléanaises chez les dames et 50% chez les hommes. De très bons résultats qui nous encouragent. En gazon, nous sommes heureux d’avoir pu créer cette entente avec le club voisin de Mer pour présenter une entente en Nationale 2 Dames. Elle permet à 6 de nos jeunes joueuses de s’exprimer à ce niveau. Pour les garçons, nous présentons une équipe 100% CLTO... avant de se voir « reprendre » sa place par l’entente Blanc Mesnil/Villiers, d’abord disqualifiée par la commission sportive régionale pour non-qualification de joueurs et réintégrée par une décision de la chambre d’appel que nous ne comprenons absolument pas. Difficile de remotiver les troupes dans cette situation !"
Les équipes Elite du CLTO lors de la saison salle - Crédits photos : Philippe Denis & Isabelle Esteve
Le CLTO, un club formateur ?
J.R. : "Oui, nous avons initié au hockey des centaines de jeunes, toutes ces dernières années... Nous sommes particulièrement fiers d’avoir formé une joueuse comme Géraldine Bonnenfant, qui a encore joué avec nous en salle cet hiver ; ou des joueurs comme Miguel Pereira et Raif Gonessa qui s’est récemment illustré en prenant la 3ème place de la Coupe du monde junior cet été en Inde."
Quid de l’avenir ?
J.R. : "A titre personnel, je formule de vœu de trouver un successeur... 43 ans de présidence, ça suffit ! Les bénévoles ne courent pas les rues... mais je ne désespère pas ! Côté sport, nous formons de grands espoirs dans cette génération des U10 jusqu’au baby hockey. Ils forment le socle de notre développement et vont nous permettre de « remplumer » au fur et à mesure nos différentes catégories d’âge aussi bien dans nos effectifs masculins que féminins. D’ailleurs, nous ambitionnons également d’augmenter notre taux de féminisation (30% aujourd’hui) pour atteindre au moins les 35% d’ici 2024. Il va nous falloir 4 à 5 ans pour y parvenir. Enfin, depuis cette année, nous disposons d’une nouvelle salle, partagée avec le foot en salle, qui doit là-aussi nous permettre d’être un acteur présent au niveau de la pratique et des organisations de tournois. Rendez-vous à Orléans l’hiver prochain !"
Propos receuillis par Eric Delemazure