Un mois après le succès du championnat d’Europe féminin en salle, le Cambrai hockey club, fort de son expérience, revient sur les tenants et les aboutissants d’une organisation bien rôdée... Avec un petit tour par Iwuy pour faire connaissance.

Un club qui s’organise pour organiser et passer la main... 

L’origine de l’engagement : Par quel mystère un club peut-il se voir confier l’organisation d’une compétition internationale ?

Retour en arrière...
Comment le club de Cambrai s’est-il retrouvé désigné pour accueillir l’Euro hockey indoor women 2016 ? Tout simplement parce que le Président Cambrésien a dit « oui » à son homologue de la FFH. Cette façon de présenter les choses est un peu simpliste mais on peut imaginer que la FFH s’est appuyée sur un savoir-faire local : « Onze fois championne de France en salle et six fois sur gazon, l’équipe féminine première du club cambrésien, fondé en 1931, possède l’un des plus beaux palmarès du hockey français. Le CHC a déjà fait ses preuves en organisant en 2013 le championnat d’Europe des Nations sur gazon. « Une grosse compétition avec huit équipes sur neuf jours. Et on a été bien noté par la Directrice du Tournoi, sur les installations, l’accueil, l’organisation », explique Gérard Detrez, le coordonnateur de la compétition.
Cet engagement de Cambrai acté auprès de la Fédération Européenne, il reste une bonne année pour mettre en place le dispositif local.

Gérard Destrez, l’homme-orchestre : Récit d’une dynamique de projet !

D’abord, trouver un volontaire coordonnateur de la manifestation. A lui de constituer sous l’autorité du Président ce que l’on nomme le « comité local d’organisation » et de trouver ensuite les « têtes de gondole » des principaux pôles : installations sportives, marketing, communication-presse, transports, hébergement, liaisons avec les équipes et les officiels, médical, bénévoles.
A lui, avec le trésorier du comité local d’établir un budget prévisionnel et de monter les dossiers de demandes de subventions auprès des institutionnels.
Au responsable des installations de répondre le mieux possible au cahier des charges de la fédération européenne avec notamment les services de la commune (direction des sports, des services techniques)
D’une réunion mensuelle, il faut passer à une réunion hebdomadaire deux mois avant l’échéance qui implique de 6 à 10 personnes. Dans l’intervalle de ces réunions le coordonnateur est en relation avec la Directrice du tournoi (TD) pour la partie réunions d’avant tournoi et la gestion des officiels (hébergement, accueil dans les aéroports), avec les responsables des équipes (transports, établissement du planning des entraînements un jour avant le début de la compétition, accréditations). Grosso modo de quatre à six heures de travail quotidien.

Justement parlons-en des volontaires, pierre angulaire de la réussite d’une organisation... !

L’expérience de 2013 avait montré que chaque responsable de pôle avait des difficultés à trouver les volontaires pour son domaine d’où l’idée de faire centraliser leur recrutement... par le coordonnateur. Et pourtant le club dispose d’un vivier d’une soixantaine de personnes.
L’accompagnement pour les encadrer, fixer les missions, veiller à répondre à leur logistique, et ensuite tout ira bien... 

Tout va bien, effectivement pour Colette Dutel, la maman bénévole Lyonnaise qui est venue faire coup double : donner de la voix et prêter mains fortes aux Cambrésiens. 

Justement... son action bénévole se résume en quelques mots : "Ne jamais rien attendre, uniquement participer et donner de son temps ...  pour des rencontres, des amitiés solides et durables".  Pour conclure, "le hockey français a besoin de l'aide précieuse des bénévoles pour faire vivre ses clubs, se développer, communiquer, et grandir. J'espère et je crois que le sport féminin reste important pour un club, une ville, une fédération". 

Une limite pour cette organisation, la moyenne d’âge de ces volontaires est bien trop élevée. Le discours de plus jeunes est bien rodé et il repose sur deux affirmations :
- puisque vous faites, pourquoi le ferions-nous !
- vous mettez la barre si haute que nous n’arriverions pas à faire aussi bien !!
Et pourtant, il faudra de la relève. C’est dans l’intérêt du club, de son avenir.

« Tout vient à point à qui sait attendre ! » : Bonne pioche pour le club d’Iwuy.

Partons d’un bon vieux proverbe pour élargir le champ des possibles. Il n’a pas fallu bien longtemps à l’homme à la tête de cette équipe pour imaginer la jouer collectif et être fier de sa relève.
L’organisation d’un évènement sportif international, doit pouvoir profiter au développement du club, intégré dans son territoire. Un club élite peut aussi (et surtout) voir d’un bon œil l’ambition d’une jeune femme Barbara Wozniack (Ex joueuse Cambrésienne) de créer à sa petite échelle du hockey à proximité. 

Le décor est planté. L’équipe de France féminine mené par Cédric De Taeye adapte son programme de veille de 1er jour de match, bifurque par la bretelle d’autoroute pour une opération de promotion hockey à Iwuy, petite ville de 3300 habitants situé à mi-chemin entre Cambrai et Valenciennes. Depuis 2014, le club a rejoint la fédération et compte actuellement une dizaine de jeunes et une dizaine d'adultes qui s'entraînent toute l'année à la salle des sports du collège dans une ambiance studieuse, décontractée et familiale.

Conscient de l'occasion unique, véritable privilège que constitue cette rencontre, Barbara nous relate la préparation. « Le téléphone a vite chauffé entre les différents acteurs du club et de la commune. Tout a été mis en œuvre pour faciliter l'évènement : collège acceptant la mise à disposition anticipée de la salle, club de tennis qui échange son créneau horaire, aide logistique de la mairie, mobilisation de bénévoles.
Coté com, l'évènement est annoncé lors des vœux du Maire devant une salle comble. Ensuite tous les leviers et canaux de diffusion sont exploités : annonce sur les panneaux électroniques de la ville, diffusion de flyers et d'affiches de l’opération et du championnat d'Europe dans tous les lieux de vie publics d'Iwuy et ses alentours... Sans oublier, les invitations envoyées aux clubs voisins (Cambrai, Escaudoeuvres, Valenciennes, Douai et Le Quesnoy) ainsi qu'aux élus du Comité Nord hockey et de la Ligue de hockey Nord Pas de Calais.

Conclusion, une cinquantaine de personnes réunies autour de l’équipe de France pour un tournoi indécis et acharné. Le tout dans une ambiance souriante sous le regard de nombreux curieux et de la municipalité. Pour clôturer, petits et grands, débutants et experts se sont retrouvés autour d'un goûter salé permettant d'échanger autour du hockey, de signer des dédicaces sur les trombinoscopes ainsi que les selfies et photos souvenirs de mise.

Epilogue et suite.. 

Le juge de paix d’une organisation réussie au-delà de la chose sportive et financière, c’est le rapport de la Directrice du Tournoi qui parvient à la F.F.H plusieurs mois après, nous rappelle Gerard. 

Ceci dit, on retiendra aussi plein d’autres choses. Entre autres, une très belle image de l’équipe de France... Une salle Vanpoulle survoltée, avec des jeunes échauffés pour entonner une marseillaise frissonante. Le Club d'Iwuy, avec 4 licenciés en plus, en a profité pour asseoir une forme de légitimité et apaiser ses relations avec les parties prenantes du Nord. 

L'organisation de Cambrai, a su impliquer la jeunesse au bord des ses bandes, et ça vaut surement tous les rapports du monde. 

Bravo à l'équipe qui donné de son temps.

Elle passe la main à son voisin de Douai pour l'organisation du 1er round de la World League du 13 au 18 Septembre 2016.

RDV pris pour soutenir nos Bleues sur le gazon du Stade Demeny !

Rédacteurs : Gerard Detrez & Barbara Wozniack 
Recueillie par Aurélie Morin