La rubrique "Les Frenchies" fait peau neuve et prend un nouveau tournant pour les prochains mois. Après avoir mis en lumière nos Français à l’étranger, quoi de mieux que de mettre à l’honneur les hockeyeurs et hockeyeuses d'autres horizons qui sont venus évoluer dans le hockey Français !
Ils nous parleront de leurs parcours, de leur amour pour ce sport, de la découverte de la France à travers le hockey et de leur venue dans le cadre de leur étude ou emploi.
Premier épisode de cette nouvelle mouture avec Annemieke Fokke. Née pas très loin d'Amsterdam, la jeune Annemieke a d'abord vécu le hockey par procuration via sa grande soeur et son grand frère, ce qui était une grande frustration pour elle. Puis elle a grandit et a été en âge de jouer avec une crosse pour ne plus la lâcher ensuite. Une crosse qui la mènera d'abord par les équipes nationales jeunes des Pays-Bas puis en équipe A Dames au côté de ses idoles lors de l'European Nations Cup à Londres en 1987 (médaille d'or) et lors des JO de Séoul en 1988 (médaille de bronze). Mais son plus beau souvenir reste la médaille d'or en Coupe du Monde à Sydney en 1990 avant de raccrocher les basket à l'issue des JO de Barcelone en 1992 à seulement 24 ans.
Car malgré toutes ses médailles, ses voyages et ses souvenirs incroyables, Annemieke veut faire un break avec le hockey pour profiter de sa vie personnelle et professionnelle dans la campagne picarde. Mais la passion de ce sport va vite rattraper Annemieke qui s'investit depuis 1997 dans le club d'Amiens et désormais auprès des Masters France +50 ans.
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m'appelle Annemieke Fokke, j'ai 53 ans et je suis née aux Pays-Bas à côté d'Amsterdam. Je suis commerciale dans les emballages en carton ce qui m'amène à voyager dans toute l'Europe, et notamment en Angleterre, Pays-Bas, Allemagne ou encore en Espagne.
Mais avec la situation sanitaire actuelle, je suis un peu à l'arrêt.
Quand et comment as-tu commencé ta carrière ?
Je joue au hockey depuis l'âge de 14 ans. J'ai commencé aux Pays-Bas, dans mon village, et j'ai d'abord suivi mon grand frère et ma grande soeur qui jouaient déjà. Moi je n'avais pas encore le droit car j'étais trop jeune; on ne pouvait commencer qu'à 6 ans ce qui entraînait une grande frustration en moi. A partir du moment où j'ai eu le droit de jouer, je n'ai plus arrêté (rires).
J'ai donc d'abord joué dans mon village jusqu'à mes 16 ans, tout en évoluant dans des sélections régionales. J'ai commencé l'équipe nationale jeunes en deuxième année -16 ans, puis j'ai enchaîné sur les sélections -19 ans et - 21 ans, avant d'arriver en équipe nationale A Dames à l'âge de 19 ans.
Annemieke Fokke en équipe de jeunes (4ème en haut en partant de la gauche)
Quand es-tu arrivée en France et pour quelles raisons ? Quelles ont été tes impressions à ton arrivée ?
J'ai arrêté l'équipe nationale à l'âge de 24 ans pour un choix de vie personnel et professionnel. Cela était également lié au départ de l'entraîneur de l'équipe nationale A Dames auquel j'étais très liée et l'arrivée d'un technicien que je ne connaissais pas. A la fin de ma carrière, je trouvais également moins de plaisir.
Je suis donc arrivée avec mon mari sur la région d'Amiens en 1997. Le hockey me manquant quelque peu, au bout d'un an et demi, je me suis investie dans l'équipe 2 Dames d'Amiens où je jouais principalement avec des jeunes joueuses et où j'ai pu transmettre mon expérience.
C'est sûr qu'il y avait une grande différence entre le sport de haut-niveau que j'avais connu et l'équipe d'Amiens dans laquelle je jouais; mais en même temps je me sentais très utile car je voyais que je pouvais apporter de l'aide et mon expérience à ces jeunes joueuses.
Cela m'a vraiment donné envie de continuer cette aventure à Amiens en tant que joueuse, joueuse/entraîneur puis en tant qu'entraîneur et je retiens vraiment une très riche expérience avec de belles rencontres. J'ai notamment coaché l'équipe première garçons du club en binôme avec Maxime Peroniat.
Aujourd'hui je suis cela de plus loin car je ne voulais pas me replonger à 100% dans le hockey au détriment de ma vie personnelle
Annemieke Fokke avec l'équipe 1ère garçons d'Amiens, notamment Amaury Bellenger, international français
Tu as fait partie de l’équipe nationale hollandaise avec notamment deux participations aux JO (médaille de bronze en 1988) et une victoire en Coupe du Monde. Quels souvenirs retiens-tu de cette période ?
C'est juste phénoménal ! Ma première période était un peu difficile car j'arrivais dans une grande équipe alors que j'étais très jeune, avec peu d'assurance en moi et que je jouais avec toutes mes idoles. Je me considérais comme "une petite souris" dans l'équipe. Nous avons notamment décroché une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988 mais je me l'approprie pas vraiment car j'avais 21 ans et que j'avais un temps de jeu assez réduit. De plus, l'environnement était particulier pendant ces JO en Corée du Sud car c'était très sécurisé à Séoul avec beaucoup de militaires.
Ma plus belle expérience est sans contestation ma victoire en Coupe du Monde 1990 à Sydney. Bien sûr car on la remporte mais aussi car l'engagement de l'équipe était incroyable et l'environnement à Sydney très chaleureux et agréable. Le groupe était très hétérogène en terme d'âge et d'expérience mais très soudée avec un staff vraiment au top.
Est-ce que tu te considères comme française d'adoption ?
Clairement (rires). Je suis investie dans l'équipe des Masters +50 ans que je coache. J'espère vraiment suivre cette bande d'amies en +55 ans car l'important n'est pas le coaching mais les relations d'amitié avec l'ensemble de l'équipe. Je me sens vraiment comme une française d'adoption.
Lors des JO 2024, si un match Pays-Bas / France a lieu qui supporteras-tu ?
Je serai pour les françaises (rires). Aujourd'hui, je suis très peu l'équipe nationale hollandaise.
Je suis convaicue que ce sport appartient à tout le monde et notamment aux femmes. Quand tu as un bon engagement, une bonne volonté et surtout une bonne condition physique pour prévenir les blessures et pour bien récupérer des efforts, tu peux faire des belles choses au haut-niveau.
Merci à Annemieke pour sa disponibilité et sa gentillesse.