Pour ce cinquième jour de la Semaine Nationale du Hockey Féminin, on a posé des questions à trois professeurs des écoles de trois régions différentes, au profil différent, afin de récolter leur avis sur leur lien entre sport et éducation. On vous laisse découvrir leurs réponses .
Pour commencer, est ce que vous pouvez nous parler de vous et de votre parcours ?
Céline D. : Je suis enseignante en CP-CE1 en milieu rural. Je connais le hockey par l’intermédiaire des mes enfants qui pratiquent ce sport depuis plusieurs années. Ils ont d'ailleurs découvert ce sport dans leur école grâce à un intervenant extérieur.
Nous avons pu mettre en place un cycle hockey dans notre école en début d'année grâce à l'intervention d'un professionnel mais aussi grâce au don d'un kit hockey par la FFH.
Elodie C. : Je suis actuellement professeur des écoles, à l'école élémentaire Jean Lurçat de Gennevilliers, j'enseigne à des CE2 dans un réseau d'éducation prioritaire renforcé. Après mon bac ES, j'ai fait une licence d'anglais à Paris 7 et j'ai intégré en master l'IUFM de façon à devenir professeur des écoles.
Nathalie M. : Je suis professeur des écoles depuis 1989, j’ai enseigné en cycle 3 (CM1/CM2) et depuis 10 ans en cycle 2 (CP)
En quoi le sport s’inscrit-il dans l’éducation des jeunes aujourd’hui ?
Céline D. : Le sport permet selon moi aux jeunes de se dépenser et de rencontrer d'autres enfants. C'est important pour l'équilibre physique et mental.
Elodie C. : Le sport ou l'EPS est inscrit dans les programmes de l'école primaire.
En tant que professeur nous devons enseigner le sport à nos élèves. On le fait sous formes de jeux collectifs, activités artistiques telles que la danse ou encore la natation. Je pense que le sport est nécessaire dans l'éducation des jeunes car il permet d'apprendre à respecter des règles, la cohésion d'équipe, le respect envers les autres joueurs. Tout cet esprit d'équipe qui je pense est très important dans la vie de tous les jours notamment dans le monde du travail. Ce sont des valeurs importantes qui sont également utiles et nécessaires en dehors du sport
Nathalie M. : Le sport contribue à la santé, il permet à l’élève de mieux connaître son corps, ses capacités. Il pourra prendre des risques mais des risques sécurisés et ainsi connaître ses limites.
Le sport donne aussi un sens au vivre ensemble : il éduque à la responsabilité, à l’autonomie : il apprend à savoir agir individuellement mais aussi collectivement. Le sport permet également l’apprentissage de la vie en société, obtenir des principes pour vivre avec les autres, tels que le respect des règles, le respect de soi-même et de l’autre. Le sport contribue à la formation citoyenne des jeunes.
Pour autant, l’Education Physique et Sportive est souvent négligée comme matière scolaire, comment expliquez-vous ce phénomène ?
Céline D. : Par un manque de temps, on privilégie souvent les apprentissages fondamentaux, mais aussi par un manque de matériel, notamment les infrastructures : nous avons une cour mais dès qu'il pleut, on est coincé ...
Elodie C. : Je pense que c'est souvent dû à un manque de temps dans la semaine. On construit son emploi du temps et on se rend vite compte en tout cas lorsqu'on débute qu'on passe beaucoup de temps sur des notions disciplinaires telles que le français ou les mathématiques. On pense alors qu'il faut absolument avancer dans le programme, car on est en retard, et donc on supprime le créneau de sport de l'emploi du temps. Le programme de français et de mathématiques étant très dense, on est parfois obligé de sacrifier ce créneau pour avancer.
Nathalie M. : 3 heures d’éducation physique et sportive dans la semaine : nous avons au sein de notre école des moniteurs de sport de la ville qui viennent à raison d’une séance de 1h/ 1h30 par semaine du CP au CM2. Ils proposent des activités diverses sous forme de cycles (athlétisme, sports collectifs, vélo, gymnastique…) Ils apportent tout le matériel.
Pourquoi négligence ? Manque de formation, manque de structures sportives, manque de matériel, manque de « temps » : temps privilégié pour les autres disciplines (domaine de la langue, maths …) !
La réforme des rythmes scolaires a-t-elle permis au sport de prendre une place plus importante dans l’emploi du temps des élèves ?
Céline D. : Pas partout malheureusement ! Les petites communes ne sont pas en mesure de financer les intervenants extérieurs. L'idéal serait que tous les élèves aient la possibilité de faire plusieurs cycles de découverte de sports différents pendant l'année.
Elodie C. : Oui, je pense qu'elle a peut-être permis aux enfants de pratiquer plus de sport dans la semaine et surtout d'avoir une initiation à des sports non pratiquées à l'école. Dans mon école, les activités périscolaires sont regroupées sur une après-midi qui durent 2h30. Ce choix permet aux enfants de faire de véritables activités sportives et de pouvoir utiliser les structures de la mairie.
Nathalie M. : Je travaille dans l’enseignement catholique et nous n’avons suivi cette réforme, non obligatoires pour nos établissements.
Q : Dans certains pays, le sport scolaire possède une importance certaine, pensez-vous que c’est un modèle à suivre en France ?
Céline D. : Oh oui ! Mais avec des professionnels.
Elodie C. : Je pense qu'on pourrait effectivement prendre exemple sur ces modèles-ci. Cependant, les programmes scolaires, tels qu'ils sont aujourd'hui, sont très chargés, et j'aurais du mal à imaginer laisser plus de place au sport sans négliger une partie du programme alors que les élèves ont de réelles difficultés en calcul ou encore en orthographe. C'est vrai que dans l'idéal, travailler de façon scolaire le matin et faire des activités sportives l'après-midi ça serait très bien mais j'ai du mal à penser que ce soit réalisable en France à moins d'alléger le programme.
Nathalie M. : Dans certains pays, le sport est poussé à l’extrême. Ce qui importe c’est de donner le goût de l’activité physique aux élèves. Il existe au sein de mon établissement, plus précisément en collège des classes à horaires aménagées pour les élèves un lien fort avec le sport.
Le monde politique a tendance à exclure le monde du sport de ses débats, pensez-vous que l’éducation peut être une porte d’entrée pour le sport ?
Céline D. : Je pense plutôt que le sport est une porte d'entrée pour l'éducation, en général pas uniquement scolaire. Oui le sport doit être pratiqué dans le monde scolaire mais il est selon moi plus intéressant s’il est enseigné par des professionnels du sport, ce qui je crois est le cas dans les pays étrangers)
Elodie C. : Je n'ai pas d'avis à ce sujet
Nathalie M. : Je pense que oui. Eduquer par le sport est une bonne initiative, car il peut inculquer des valeurs. Mais il faut être vigilant à la façon dont il est pratiqué, enseigné et encadré. Le sport peut être un « outil » qui produit des effets grâce au sens que ces pratiquants y mettent, qu’il soit positif ou négatif. L’adulte encadrant le sport est le réel acteur de l’éducation par le sport.